Déjà clos, le son aplati résonne cependant encore.

Dans les galeries invisibles d'une oreille qui écoute par les yeux, qui lit le son, fait sonner la musique, sonner la phrase. Le verbe musical tout rempli de sa syntaxe se gonfle encore d'un sens qui échappe au regard, à l'oreille, à la mémoire, qui s'échappe en fuyant à la vitesse d'une page qui se tourne, d'une porte qui se ferme sur ce qui n'est alors plus donné à entendre et que l'on devine parfois sans le savoir, comme une couleur particulière, ou la voix disparue d'un être cher. La relique, ce souvenir qui réveille toute une palette de sensations sous sa forme la plus simplifiée, simule alors la valeur d'une histoire, d'un passé, monté de toutes pièces, son timbre qui résonne dans tous les esprits, à la manière d'une communauté de mémoire qui aurait établi son campement sur la berge d'un fleuve qui n'a jamais coulé, son grand lit vide dessine un espace, et les tentes colorées de la colonie toute entière claquent au vent d'un événement qui n'a pas eu lieu.