Les genres musicaux se portent. Comme un costume, ils distinguent les individus.

La proteïformité des genres musicaux - leur histoire, les sociétés et les groupes auxquels ils se rattachent, et réciproquement - tissent une trame de plus en plus confuse, de plus en plus complexe à analyser.

Les sociétés humaines ont toujours conçu des masques ou des tenues, qui, une fois enfilés, signifient, témoignent, sans explication ni justification, d'une appartenance à une sorte de caste plus ou moins hermétique, plus ou moins diffuse et multiple.

À l'instar d'une gueule, d'un code vestimentaire, d'un phrasé, l'univers musical, plus ou moins clairement défini, assumé, donne à entendre une revendication, une position sociale, une identité.

Il semble de plus en plus évident que pour certain groupes d'individus, se rangeant bruyamment sous les bannières morales, sociales, communautaires, ethniques, culturelles, l'identité suit un vecteur éloquent, aussi bien politique qu'esthétique, témoignant d'une expérience de vie, réelle ou simulée, d'une place au monde que l'on se sent tout disposé à affirmer aux autres, tout comme à soi-même, "voici ce que j'écoute, voici ce que je donne à entendre au monde, voici (peut-être) ce que je suis".